Publié par : kantreadenn | 6 septembre 2015

Rêve ou cauchemar?


J’ai rêvé d’une bibliothèque où les choses ne tourneraient pas rond, où il se passerait des choses peu ordinaires, ou les relations entre les professionels seraient plus que tendues. Je vais vous raconter ce rêve, n’allez pas y voir un réglement de comptes à BU corral. Juste une pensée pour les collègues à qui j’ai rêvé que cela arrivait, qui continuaient -par la force des choses- à oeuvrer dans le mépris et l’indifférence.

Dans mon rêve j’ai travaillé 19 ans dans une BU. J’y ai connu à la fois l’installation de l’indifférence vis à vis d’un travail sans grand intérêt -une fois passé l’attrait de la découverte- et les heures difficiles passées à supporter les décisions iniques, l’absence de volonté d’innovation, le refus du changement -temporaire heureusement, mais uniquement parce que le changement était obligatoire- et surtout le mépris apporté à la fonction de magasinier par des personnes qui n’auront jamais autant mérité leur « titre » de conservateur.

pour éviter tout commentaire à ce sujet, je sais que ce n’est pas le cas dans toutes les BU, que beaucoup -j’espère- d’entre vous travaillent dans d’excellentes conditions, avec des collègues et des responsables formidablement novateurs.

Qu’un établissement comme la BNF emploie un DRH qui n’a sans doute jamais entendu parler de drame humain, c’est regrettable mais c’est en quelque sorte inévitable: grosse structure, ignorance voulue des cas personnels, etc… Mais dans mon rêve, une structure qui emploie au maximum une cinquantaine de personnes, toutes connues individuellement, était régie par des personnes dont l’indifférence aux autres se révèlait de manière si patente cela restait une sorte de mystère pour moi. Qu’une énorme entreprise ignore les difficultés dans lesquelles se démènent ses employés est une chose admise -malheureusement, mais la rentabilité mon cher! Mais dans mon rêve, c’était dans une structure d’état qu’un responsable apportait plus d’intérêt à ses tableurs qu’à ses subordonné(e)s, et cela me crispait, me hérissait, me scandalisait! On me disait que le sentiment n’est pas une matière entrant dans le cursus de l’ENSSIB, mais je répondais que l’on peut en avoir avant de passer le concours. J’étais scandalisé que l’on puisse plus s’interesser à ce qui ressort d’activité extraprofessionnelle qu’au devenir de son établissement. Dans certains établissements -la BNF par exemple- il s’est produit des évènements tragiques. Et voilà que dans mon rêve, j’imaginais, je craignais qu’un jour il n’arrive ce genre de problème dans la biblitohèque où je travaillais -dans mon rêve.
Dans mon rêve, j’entendais certains « professionnels » des bibliothèques parler encore des « nouvelles technologies » en évoquant internet, informatique, tablettes, etc…? Je les regardais ignorer -dans le sens ne veulent pas en entendre parler- encore les différents outils qu’utilisent les étudiants qui fréquentent leur établissement. Parce que Google c’est mal -à part Google scholar- parce que Facebook c’est mal -sauf si une des BU a une page- parce que lire sur écran c’est mal -sauf si c’est pour une formation. Alors que la grande majorité des enseignants d’université -en particulier en droit mais pas seulement- ne lisent plus les articles ou ne consultent les thèses que de cette manière. Alors bien sûr ils étaient obligés de créer des outils pratiques pour leur faciliter les recherches! Mais à contre coeur, en y mettant le temps, en tergiversant, en procrastinant, et le tout arrivait des mois, voire des années après que le besoin s’en est fait sentir. Et l’on s’étonnait de la baisse de fréquentation, on s’étonnait de la baisse des emprunts, on s’étonnait que la BU soit devenue un lieu de rencontres plus que de travail, on s’étonnait que les étudiants désertent, que les enseignants désertent, mais pourquoi venir dans un lieu qui n’est que la demeure des professionnels, où ces mêmes professionnels ont laissé s’installer un véritable pandémonium, interdisant quasiment toute possibilité de travail, de réflexion?

Alors dans mon rêve, je me faisais ces réflexions:
Les BU sont -encore- des structures placées sous la responsabilité de l’état. Dirigées par des conservateurs qui sont censés avoir de l’expérience dans le métier des bibliothèques, qui ne sont pas seulement des gestionnaires, mais aussi responsables d’équipe, plus ou moins importantes. Et pourtant combien d’entre eux savent -ou veulent savoir- ce qui se passe dans leurs équipes. Pourquoi règne telle ou telle ambiance, pourquoi certain(e)s sont en arrêt si souvent, pourquoi d’autres végètent dans une situation psychologique déplorable, pourquoi certain(e)s autres ont d’ores et déjà renoncé à toute évolution dans leur carrière? Dans certain endroit, aucun. Peu importe que le personnel ait des problèmes, des difficultés, soit confronté à un public peu amène, parfois agressif, qu’il ne soit pas soutenu par sa hiérarchie en cas de conflit, que ses qualités ne soient pas reconnues, l’essentiel étant que la BU continue d’ouvrir -qu’elles que soient les conditions d’ouverture- qu’on puisse compter le nombre de passages et en faire des statistiques de fréquentation -quelle clownerie et quelle tricherie!- et peu importe qu’une proportion de plus en plus forte des documents papier ne soit plus utilisée, l’essentiel est la fréquentation -quitte à s’arranger avec les statistiques.
D’ailleurs, pour que semble fonctionner la bibliothèque, certains responsables n’hésitent pas à améliorer un slogan qui a déjà beaucoup servi « diviser pour régner ». Il suffit n’est-ce pas d’ignorer les manquements éventuels, les libertés prises par le personnel. Qui ira protester contre telle ou telle décision au risque de remettre en cause des acquis? Il est plus facile d’utiliser les mauvaises habitudes que de les changer, voilà une thèse de management qui fonctionne plutôt bien.
Et puis je me suis réveillé, j’ai regardé le calendrier, et je me suis rendu compte que je ne travaillais plus en BU. Ouf, ce n’était qu’un rêve!!! Evidemment, ce gentre de BU n’existe pas, tous les bibliothécaires -au sens large du terme- travaillent dans d’excellentes conditions, et oeuvrent dans le meilleur des mondes possible.
Alors je vous souhaite à toutes et à tous en général -et à mes ex collègues de l’USMB en particulier- une bonne rentrée, beaucoup de courage, de patience et de passion pour ce métier malgré tout formidable.


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