Publié par : kantreadenn | 1 octobre 2015

ma BU, c’est fini…!…


…et j’inscris le mot fin à ce blog. On se fréquente sans se connaître depuis plusieurs années, chères lectrices, chers lecteurs, vous avez lu certains de mes articles, vous les avez appréciés -ou pas- vous m’avez été plus ou moins fidèles -ou pas- mais j’ai eu beaucoup de plaisir à vous côtoyer par l’intermédiaire de ce blog, que je vais laisser à votre disposition encore quelque temps, avant de le supprimer.
J’ai eu envie, avant de vous quitter de manière -en principe- totalement définitive, de vous raconter mon parcours professionnel, et émettre quelques apréciations sur ce que j’ai vécu tout au long de ces années en biliothèque.
Bonne continuation à vous tous et vous toutes, bon courage surtout, parce qu’il va vous en falloir.

trugarez ha kenavo


En 1976, je termine un stage de formation au métier de chauffeur poids lourds et transport en commun. Je sors de ces 4 mois et demi de formation avec un CAP et tous les permis. Mais avec également une découverte des « routiers » qui ne me donne pas franchement envie de me lancer dans ce métier. J’aime beaucoup conduire, mais l’idée de passer du temps avec ce qui compose ce corps de métier -à l’époque, je précise- ne me tente pas. Rentré chez moi, je cherche plutôt du côté des autocaristes. Et puis je déniche une offre d’emploi assez originale: la BCP de l’Eure recherche un chauffeur pour son bibliobus. Ignorant ce qu’est un bibliobus, je me renseigne. Et découvre donc l’utilité de ce véhicule. Travailler en bibliothèque et conduire: l’idéal, non? Alors, je postule. Par courrier bien sûr, à l’époque!!! Et puis j’attends en cherchant toujours par ailleurs. A l’époque je vis chez mes parents. Un dimanche matin, je rentre chez eux et là, ma mère me dit qu’il y a une dame qui m’attend. Celle qui allait être ma future directrice s’était déplacée un dimanche pour me rencontrer parce que ma candidature lui avait plu. Je vous passe les détails, je suis embauché, d’abord avec le grade de « gardien » -catégorie D- puis après un concours brillament réussi -un poste, un candidat, un reçu- je deviens « magasinier chauffeur de bibliobus ».
Les 5 ans que je vais passer dans cette BCP seront les plus belles années de ma vie professionnelle. Parce que le travail est passionnant, parce que les collègues -en grande majorité- sont des gens très agréables et passionnés par leur métier, et parce que la directrice -malgré ou à cause d’un côté « paternaliste » assumé- fait très bien son travail et a le respect de chacun de nous.
En 1982, pour des raisons personnelles, mon épouse et moi partons pour l’Ardèche. Une BCP se crée et cela me motive beaucoup. La 1ère année sera assez difficile, nous avons tout quitté pour nous retrouver en pays inconnu, sans relation, sans amis, et le travail n’est pas aussi passionnant qu’il pouvait l’être à Evreux. Pour des raisons familiales, nous décidons en 1984 que l’un de nous deux s’arrête de travailler pour élever nos enfants. Mon épouse ayant un travail qui la passionne, ce sera moi.
Fin de mon activité professionnelle, je deviens père au foyer, avec 1 puis 2, 3 et enfin 4 enfants. Partie passionnante de ma vie.
En 1995, notre dernier étant entré à l’école, j’ai repris une activité à temps partiel comme chauffeur de bus, en tourisme et grand tourisme. Et je reçois un courrier du ministère. Ils sont en plein travail de tri parmi les dossiers du personnel, ils se sont aperçus que ma situation était irrégulière, et le ministère me propose d’y remédier. Soit en acceptant une radiation si je ne désire plus faire partie de l’administration, soit en demandant une prolongation dem on congé -ce qui n’est plus possible- soit en demandant ma réintégration. Solution que j’adopte aussitôt en renvoyant immédiatement un courrier. En retour, on m’annonce que mon cas passera à la CAP de novembre 1995. Fin novembre j’apprends que je suis nommé à la BU de Grenoble -les BCP ayant disparu pour être remplacées par les BDP, je ne peux réintégrer le ministère de la Culture!!!- J’appelle la directrice de ce SCD et là, interloqué, je l’entends me dire qu’elle a averti le ministère qu’elle refusait ma nomination sans discussion possible. J’appelle le ministère qui me confirme le fait et on me dit que je repasserai en CAP au mois de mai suivant. (comme vous pouvez le voir, les magouilles entre directeur de SCD et ministère ne datent pas d’aujourd’hui. Une décision prise en CAP pouvait déjà ne pas être validée par un conservateur!!!)
Toujours est-il qu’en mai la CAP me nomme à Chambéry, et quand j’appelle la directrice, elle me confirme cette nomination et me donne un rendez-vous pour que nous nous rencontrions.
Au 1er septembre, me voici donc magasinier au SCD de l’université de Savoie, à la BU droit lettres de Chambéry. Je découvre les arcanes des bibliothèques universitaires, je découvre aussi que l’on ne se préoccupe pas du tout des qualifications des personnes pour leur établir une fiche de poste. Je suis un littéraire, alors on me donne du travail dans la section…droit, bien sûr. Je suis chargé entre autres tâches, de gérer les MàJ de l’encyclopédie Dalloz et la semaine juridique -abonnements papier heureusement disparus depuis de nombreuses années!
Au mois de décembre, la directrice me reçoit dans son bureau pour un bilan. Elle est très contente de moi, d’autant plus que la responsable de la BU Sciences avait refusé de me prendre dans son équipe parce que je venais de passer 14 ans sans « travailler » -de la part d’une femme j’apprécie…- et que je devais être un drôle d’énergumène!
Voilà donc sous quels auspices je découvre le monde universitaire côté BU. Et si j’avais su comment cela allait évoluer, j’aurais sans doute pris la poudre d’escampette. Le SCD de Savoie n’est sûrement pas le plus mal géré de France, mais de nombreuses personnes ont tout fait pour qu’il le devienne. Et si ce n’est pas encore fait, cela arrivera un jour ou l’autre.
Pendant toutes ces années j’ai pu voir comment on pouvait tout mettre en oeuvre pour ne pas avancer, ou le plus lentement possible. J’ai vu comment des conservateurs pouvaient considérer leur personnel -B ou C- comme corvéables à merci, sans aucun respect pour leur vie personnelle, sans aucun respect pour leur travail, et faisant tout pour que l’ambiance entre les personnels soit toujours quelque peu tendue, « diviser pour régner » semblant être la pierre angulaire de la gestion RH.
J’ai subi tout cela, à l’instar d’un grand nombre de mes collègues. Pas de la part de tous les responsables -certain(e)s ont même été particulièrement professionnels. Et comme je ne suis pas d’un caractère facile, il va de soi qu’il y a eu des orages. Certains de mes collègues, lassés de toutes ces difficultés, ont pris le parti de se désinteresser de tout et de de se contenter d’heures de présence. D’autres sont partis. D’autres se sont mis en congé, suite à des dépressions, bref la vie au SCD de Savoie n’est pas un long fleuve tranquille. J’ai débarqué il y a peu mais je pense encore à mes collègues et je les plains.
Devenu blogueur, j’ai subi les remarques, les réflexions, et même la censure! Devenu commissaire paritaire, j’ai découvert que le fait de fréquenter les instances parisiennes me donnaient un poids qui inquiétaient certains. Alors que… Devenu correspondant sécurité, j’ai découvert comment un responsable pouvait se servir de son personnel. Et j’ai découvert aussi comment des responsables pouvaient faire tourner une bibliothèque uniquement grâce au travail de leurs subordonnés. J’ai découvert qu’une seule personne -détenant des responsabilités- pouvait mettre à mal toute une équipe. Et tout au long de ces années, j’ai découvert aussi -malheureusement- qu’une partie non négligeable du personnel des bibliothèques -B et C- trouvait là une véritable sinécure où ils pouvaient faire ce qui semblait leur convenir le mieux, c’est-à-dire rien, sans que cela ne nuise en aucune manière à leur carrière.
Pour conclure: je suis très heureux d’en avoir terminé avec cette comédie professionnelle. Je souhaite vraiment beaucoup de courage à tous mes ex-collègues parce que rien ne peut s’arranger en l’état actuel, à moins d’un bouleversement complet.

Il y a quelques personnes* que je tiens tout particulièrement à remercier, soit parce qu’ils (elles ) ont partagé avec moi leur connaissances professionnelles, et surtout leur envie d’ « être au service du public »:
Françoise, Marie-Christine, France, Gaël, Olivier
soit parce qu’ils (elles) m’ont permis de « survivre » au jour le jour dans une ambiance totalement délétère:
David, Sylvie, Karine, Sébastien, Gaël (oui c’est le même!)
et d’autres encore qui m’ont permis de faire abstraction jour après jour de la bêtise crasse de certains « professionnels » particulièrement « conservateurs ».

* je ne mets que les prénoms, il est parfois très mal vu d’être de vrais bibliothécaires


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